Dans l'annuaire de téléphone, nous avons pu détecter, sans vouloir être exhaustif, toute une série d'anciens sobriquets thiois ou d'origine romane restés des noms de famille:
Broun(s), Braun tout comme
Mohr, Moors et les formes romanes
Moreau, Moray soulignent la peau basanée du premier porteur de ces noms.
Wyzen, Deswyzen etc. sont à comparer avec
le nom français
Lesage et le surnom susmentionné
/der Lueze/ (La Calamine).
Flas " le lin " et
Schoonbroodt, comme plus rarement le nom immigré
Beaupain, affichent le produit (fini) élaboré par l'homme de métier.
Groteclaes /Jruetekloos/ et
Kleinjans sont composés morphologiquement d'un adjectif et d'un prénom tout comme le noms romans
Grandfils, plus souvent
Grosfils, /Jrofi/ ou
Grosjean /Jraaschang/, prononcé comme en wallon mais avec l'accent et la finale germaniques.
Le nom roman
Lejeune très répandu dans la région de Liège, est ici beaucoup moins fréquent que
Jongen qui est connu comme l'anthroponyme le plus fréquent aux Pays-Bas.
Klein est plus répandu que
Lang(er) qui appartient à l'Eifel, tandis que
Slangen (à Eupen) au génitif et avec proclise s'est infiltré en provenance du Limbourg Néerlandais.
Jungbluth etc. est relativement fréquent.
Le sobriquet Jonck- Verdorven, enregistrè le 5 janvier 1641 dans le registre des baptêmes d'Aubel, n'existe plus dans notre région, mais survit en Allemagne sous la graphie
Jungverdorben.
D'après Debrabandere
Knauf, Knops (791-2) désigne un homme trapu ou une personne avec une excroissance à la tête,
Krott (808) signifie le crapaud, en thiois
/de Krodel/ Loos, Loozen (898) un gars intelligent, du thiois
/der Lueze/.
L'ancêtre de la famille
Mennicken, de souche raerenoise, a du être encore de plus petite taille que les gens de l'époque.
Munnix;, très connu dans les Fourons, est le pendant germanique de
Lemoine et
Rotheudt /Ruethöjt/ (tête rouge) de
Leroux.
Na(e)denoen /Noodenoon/ se retrouve dans la région de Montzen jusqu'à nos jours, alors que Vroegop (cf. en Allemagne " Frühauf "), nom porte jadis avec fierté par des mayeurs et des échevins du lieu, semble avoir disparu complètement de notre paysage onomastique.
Nous laisserons aux soins du lecteur inquiété la tâche délicate de mener une enquête psychosociologique afin d'examiner en profondeur si la population locale a pour autant perdu son envol matinal pour ne devenir actif qu'au cours de l'après-midi
(9).
(7) Voir le tableau complet que nous avons situé dans " Les dialectes thiois du Pays de Herve. ", dans Architecture rurale de Wallonie, Pays de Herve, Liège 1987 (P. MARDAGA), P. 207.
(8) Texte édité, entre autres, dans notre thèse de doctorat " Grundlagen der Sprachgeschichte im Bereich des Herzogtums Limburg-Beitrag zum Studium der Sprachlandschaft zwischen Maas und Rhein ", Ostbelgische Studien I, Eupen 1982, p. 201.
(9) Je tiens à remercier ici toutes les personnes qui ont efficacement soutenu mes recherches, plus spécialement A. BELLEFLAMME, responsable du Centre de Documentation de la Communauté belge de Langue allemande à Eupen, et le baron C. DE BROICH A MONTZEN.
L. WINTGENS.